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Paul Klee  1879 -1940

 

Il grandit dans une famille de musiciens : sa mère, Ida Klee-Frick, est chanteuse professionnelle, et son père Hans Klee est professeur de musique dans la capitale helvétique. C'est d'eux que Klee hérite son amour pour la musique. Lui-même excelle très tôt dans l'apprentissage du violon.
À l'automne 1898, ayant terminé ses "examens de maturité" (baccalauréat) pour devenir avocat, il commence ses études de peinture à Munich, d'abord dans l'atelier particulier de Knirr, puis à l'Académie, sous la direction de Franz von Stuck.
En 1899, il rencontre sa future femme, Lily Stumpf (*1876-†1946), une pianiste.
En 1900, il s'inscrit à l'académie des beaux-arts de Munich où il côtoie Vassily Kandinsky. Il passe l'hiver 1901-1902 en Italie et visite Rome, Naples, Florence. Il se laisse prendre par le charme de l'architecture de la Renaissance, de Michel-Ange et des premiers maîtres du Quattrocento. Quelques voyages occasionnels le conduisent à Munich, où il découvre en 1904, Aubrey Beardsley, William Blake, Francisco Goya, James Ensor, puis à Paris en 1905.
Il retourne à Munich à la fin de 1906 pour y épouser Lily Stumpf avec qui il aura un seul fils, Félix, né en 1907 et mort en 1990.
Premières œuvres Mythe floral (1918) À l'exposition de Munich, il fait la connaissance des œuvres de Vincent van Gogh et de Paul Cézanne. Il y expose ses premières eaux-fortes.
Pendant l'hiver 1911, il se rapproche du groupe des peintres du Der Blaue Reiter (Le Cavalier bleu), il y retrouve Kandinsky et se lie d'amitié avec Franz Marc, August Macke et Alexej von Jawlensky. Il participe à plusieurs expositions de ce groupe.
En avril 1912, il rencontre Robert Delaunay, dans son atelier parisien et découvre les œuvres de Henri Rousseau, Picasso et Georges Braque. Il achève des illustrations pour le « Candide » de Voltaire. Il continue à s'investir dans la pensée et la pratique musicales (chant, violon). Ses écrits couvrent de multiples domaines : introspection et poésie jusqu'à la Première Guerre mondiale ; théorie et didactique durant les années du Bauhaus.
Après un bref voyage en 1914 en Tunisie, il déclara « La peinture et moi ne faisons plus qu'un ». C'est à ce moment-là qu'il décide de devenir peintre. Il se définit comme un « peintre-poète ».
Son catalogue compte plus de neuf mille titres. Sa réflexion sur l'art évoque, par son ampleur, celle de Léonard de Vinci. Ainsi, Klee reste l'une des personnalités déterminantes du XXe siècle, référence irrécusable de la pensée esthétique actuelle. Les titres de ses tableaux témoignent de cette amplitude poétique: Carillon de la lune d'argent, Doux paysages des tropiques, Paillasse en tranches, Exercice en bleu et orange, Croissance des plantes nocturnes. Toujours la réalité visible est dépassée. Sa peinture rejoint aussi la musique. Des signes et écritures marquant ainsi son goût pour l'Orient. L'écriture intervient constamment dans ses tableaux.
En 1914, Klee séjourne en Tunisie avec August Macke et Louis Moilliet. Ce voyage témoigne de recherches identiques à celles de Robert Delaunay. La démarche décorative, longtemps limitée aux expressions mineures dans la culture occidentale, se confond dans le monde islamique avec l'art tout entier. C'est bien cette harmonie que recherche la peinture de Klee, de Macke et de Delaunay. Le « motif » disparaît au profit d'une perception synthétique, ici plus abstraite encore. Préparant la structure en carrés de son œuvre future, Klee « s'attaque », selon ses propres termes, « à la synthèse architecture urbaine-architecture du tableau ». À Kairouan, il note dans son Journal : « La couleur me possède […] Je suis peintre. » (Journal 9 260) 1. Voilà que s'élabore ce que pressentait Macke dans l'Almanach du Blaue Reiter (1911) : la fusion de l'Europe et de l'Orient, dans ce « troisième style » qui caractérise en effet bien des œuvres de la modernité.
Natif de Constantine, cette ville qu'il dit « vieille comme Jugurtha, construite avec des rochers, des ravins, des nids d'aigle et des cactus ». L'orientalisme semble ainsi, plus qu'une fantaisie, une véritable « obsession », selon le mot de l'historien d'art J. Sweetman. Elle est entretenue par le voyage au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord, vite devenu parcours initiatique, à l'image du séjour romain pour les générations précédentes. Klee a en effet effectué en 1929 un séjour en Égypte qui marque certaines de ses toiles comme Route principale et routes secondaires. Durant la Première Guerre mondiale, il est engagé en 1916 le jour même du décès de son ami Franz Marc. Grâce à l'influence de son père, il restera loin du front, ce qui lui permit de poursuivre son œuvre. Démobilisé en 1919, il retourne à Munich. Mais entre-temps, il a acquis la célébrité. Trois petites monographies paraissent sur lui. Le Bauhaus accostage miraculeux ou "112!" (1920)
En octobre1920, l'architecte allemand Walter Gropius l'appelle au Staatliches Bauhaus, sorte d'institut des arts et des métiers fondé par ce dernier en avril 1919 à Weimar.
De 1921 à 1924, Klee y enseigne dans la branche de la peinture sur verre, puis du tissage. Plus tard, il se verra confier personnellement un cours de peinture. En collaboration avec Kandinsky, il donne des leçons régulières sur la forme et expose la première théorie systématique des moyens picturaux purs, qui conduit à une clarification exceptionnelle des possibilités suggestives contenues dans les procédés abstraits. Les notes de ses cours sont consignées et seront publiées sous le titre Contributions à la théorie de la forme picturale.

En 1924, il donne une conférence à la Société des beaux-arts d'Iéna dont le texte est transcrit dans sa Théorie de l'art moderne, publié à titre posthume en 1945. Cependant le Bauhaus est soumis à d'intenses critiques, concernant en particulier sa non-rentabilité et il est dissous officiellement le 26 décembre 1924 avec fin de contrats des enseignants en avril 1925. L'école est alors reprise à Dessau-Roßlau où Klee s'installe dans le même pavillon que Kandinsky. Sa carrière d'enseignant commence à souffrir cependant d'un certain absentéisme, sa production artistique intense captant toute son énergie. Après le départ de Gropius de l'école, cette dernière prend une orientation vers l'architecture et l'urbanisme, les peintres étant relégués au second plan, ce que ne manque pas de critiquer Klee, qui démissionne de son poste au 1er avril 1931.
Cependant, sur le plan lexical, la terminologie commune (composition, ton, gamme, harmonie, rythme, accord, fugue, etc.) fournit à Klee nombre de titres dont fugues en rouge. Dans ce contexte, Klee imagine une peinture polyphonique qui « surpasse la musique dans la mesure où le temporel y est davantage spatial » (Journal 1081). Des œuvres « divisionnistes » - l'une s'intitule singularité des plantes - transposent le mode sonore au visuel : des aplats colorés recouverts par la modulation de touches séparées constituent des études de contrepoint mélodique et rythmique.

En 1931, Klee est appelé à l'Académie de Düsseldorf, où il peut se consacrer avec plus d'indépendance à son propre travail. Mais avec l'avènement du nazisme, en 1933, l'artiste, qui se place pourtant en dehors de toute politique, est accusé de « bolchevisme culturel », et destitué. Il retourne alors, en qualité d'émigrant, dans sa ville natale de Berne. Et c'est là que commence la dernière phase de son art. Le format de ses œuvres s'amplifie, une extrême simplicité le pousse à éliminer tout ce qui est superflu, la légère texture linéaire se renforce de grands signes. Il peut être instructif d'étudier les œuvres des peintres en se souvenant des indications de Klee, et d'y chercher la multiplicité des chemins ménagés dans l'œuvre.

Les théories de Klee ont eu un intérêt considérable, non seulement pour les artistes, mais aussi pour le spectateur et l'historien lui-même. En posant de façon nouvelle le rapport des moyens techniques et du sens, elles montrent que le point, la ligne, la touche, les tons, la composition sont les véritables signes du peintre. Vers la fin de sa vie, il revient aux images inspirées par le langage des malades mentaux, aux monstres, aux anges, à l'obsession de la mort (Voyage sombre en hiver, 1940) et du passage, thématique essentielle de ce poète-peintre visionnaire.
En 1935, Klee commence à ressentir les premiers effets d'une affection maligne de la peau, la sclérodermie2. Le dermatologue et vénérologue Hans Suter fait un lien entre sa maladie et son influence sur ses dernières œuvres (production frénétique d'un solitaire exprimant dans ses peintures la souffrance sur des fonds très étudiés parsemés de traits noirs). Il en meurt le 29 juin 1940 à l'hôpital de Locarno, Suisse.

Klee est mort sans avoir reçu la nationalité suisse qu'il avait tant désirée. Ironie du sort, c'est le lendemain de sa mort que la ville de Berne la lui décernera. 
Soixante-cinq ans plus tard, sera érigé en cette même ville le superbe musée consacré à l'œuvre de l'artiste, réunissant la plus grande collection au monde de ses productions, le Zentrum Paul Klee.
Ouvert en 2005, le musée regroupe près de la moitié de l'œuvre de Paul Klee.
Au total, 4 000 tableaux, aquarelles et dessins sont exposés par rotation dans trois bâtiments en forme de vagues conçus par Renzo Piano, près du cimetière où l'artiste repose. Un musée pour enfants et des salles de spectacle rappellent qu'il fut aussi musicien, poète et pédagogue. Paul Klee laisse un immense héritage. Il a su exprimer le fait que le tableau doit être une chose organique en lui-même, comme sont organiques les plantes et les animaux, tout ce qui vit au monde et dans le monde. C'est là l'affirmation la plus importante de l'œuvre de Paul Klee qui annonce par là les peintres de la peinture inobjective. Il devance les surréalistes par ses visions, son goût du rêve, son abandon à l'irrationnel, et les abstraits par ses fonds musicaux qui ne sont que taches de couleur et suggestion de mélodie.

 

Source: Wikipédia